26 février 2020
L’épisode 3 du podcast Révèle-Toi te permet de mieux comprendre ce qu’est la micro-entreprise, grâce à 5 questions clés.
Vous trouverez ci-dessous la transcription complète de l’épisode. Bonne lecture !
*
Le nombre de micro-entrepreneurs ne cesse de croître chaque année en France. Sur 815 000 entreprises créées en 2019, 380 000 sont des micro-entreprises. Vous le voyez, ça représente presque 50 % des lancements d’activité.
Vous avez sans doute doute déjà entendu parler de la micro-entreprise en long, en large et en travers le jour où vous avez pris la décision de vous lancer. Pourtant, savez-vous vraiment ce que ce terme signifie, et quelles sont les différences avec les autres statuts juridiques ? Pourquoi créer une micro-entreprise ? Quelles sont les raisons de son succès? Est-ce qu’elle comporte des inconvénients?
Je vous propose aujourd’hui de donner les informations essentielles pour enfin bien comprendre ce régime juridique, grâce à cinq questions clés. Après cet épisode, vous devriez y voir plus clair et mener vos démarches plus sereinement.
Pour expliquer ce qu’est la micro-entreprise, j’aime bien revenir sur la distinction entre société et entreprise individuelle.
La différence entre société et entreprise individuelle se tient sur un plan purement juridique.
La société est une personne morale à part entière, c’est-à-dire qu’elle a une existence propre : elle se distingue de votre personne.
Elle a des droits, elle a un patrimoine. Elle a le droit d’agir en justice. Elle a droit de passer des contrats, etc. Alors effectivement, c’est par le biais du représentant légal, mais c’est quand même une société qui existe toute seule. On parle de personnalité morale : c’est tout ce qui n’est pas une personne physique.
L’entreprise individuelle, vous allez vite le comprendre, c’est tout l’inverse. C’est à dire que l’entreprise individuelle, elle, est rattachée à la personne de l’entrepreneur. Elle n’a pas la personnalité juridique.
Par exemple, quand vous concluez un contrat, vous le concluez en votre nom. Ce n’est pas au nom de l’entreprise. Lorsqu’on vous fait des chèques, c’est votre nom à vous, c’est pas au nom de votre entreprise, même si votre entreprise peut avoir un nom commercial. Juridiquement, c’est votre nom à vous qui est utilisé pour tout ce genre d’actes.
Dans l’entreprise individuelle, vous trouverez trois sous-compartiments.
Vous avez l’entreprise individuelle classique, qui fonctionne à peu près comme une société. On s’en fait souvent toute une montagne, mais c’est la même chose que la société. Vous avez un chiffre d’affaires, vous pouvez déduire des charges, etc.
Il y a aussi l’EIRL, à ne pas confondre avec l’EURL, qui est une société. L’EIRL, ça veut dire entreprise individuelle à responsabilité limitée.
Dans ce cas là, c’est une option que vous formulez auprès l’administration pour dire : j’ai envie de protéger mon patrimoine personnel. Ce qu’on va faire, c’est qu’on va créer un patrimoine fictif, qu’on appelle le patrimoine d’affectation, dans lequel on va placer tous les biens nécessaires à votre activité professionnelle. L’EIRL, fondamentalement, c’est une entreprise individuelle. C’est pas un statut juridique à part entière. On fait souvent l’erreur.
La micro-entreprise, c’est un régime social et fiscal simplifié que l’on va appliquer à une entreprise individuelle. Là encore, ce n’est pas un statut juridique à part entière. C’est vraiment un régime social et fiscal simplifié. Mais fondamentalement, juridiquement, quand vous êtes autoentrepreneur, quand vous êtes micro-entrepreneur, vous possédez une entreprise individuelle.
Si vous voulez en savoir plus sur le sujet, je vous renvoie à l’article : “Être auto entrepreneur, ça veut dire quoi ?”
C’est une question qu’on me pose beaucoup, beaucoup, beaucoup. La réponse est très simple (ouf !).
Il n’y a pas de différence entre auto-entrepreneur et micro-entrepreneur depuis 2016.
Micro-entrepreneur, c’est le nouveau terme officiel.
Sauf que finalement, c’est à relativiser. Les organismes continuent à utiliser massivement le terme auto-entrepreneur au lieu de micro-entrepreneur. Cela entretient la confusion. Je fais par exemple référence au site de l’Urssaf sur lequel vous devez déclarer votre chiffre d’affaires pour payer vos cotisations sociales tous les mois ou tous les trimestres. Le site s’appelle auto entrepreneur.urssaf.fr. Donc, effectivement, ça entretient bien la confusion.
En 2020, il n’y a plus de différence entre ces termes. Il y en avait cependant une avant 2016. Je ne veux néanmoins pas aller dans les détails, on s’en fiche. Tout ce qu’il faut retenir, c’est quand on dit autant auto-entrepreneur que micro-entrepreneur. C’est exactement la même chose.
Si vous voulez en savoir plus sur le sujet, je vous renvoie à l’article : “Auto-entrepreneur versus auto-entrepreneur, quelle différence ?”
C’est une confusion qui revient souvent également. Certaines personnes pensent que devenir freelance, c’est devenir auto-entrepreneur. Ça n’a cependant rien à voir.
Être freelance, c’est un mode d’exercice d’une activité professionnelle. C’est synonyme d’indépendant. C’est quelqu’un qui exerce son métier tout seul, de manière indépendante, en travaillant pour des clients. Je pense qu’on est à peu près tous d’accord sur cette définition-là.
Auto-entrepreneur, c’est un régime fiscal et social. Ce n’est pas une façon d’exercer son activité professionnelle. C’est le véhicule qui va permettre d’exercer une activité indépendante, et c’est pour ça qu’il est tout à fait possible d’être freelance sous un autre statut juridique comme l’EURL ou la SASU. J’insiste bien là-dessus, parce que j’ai déjà vu des sites qui confondent les deux et qui vous disent qu’effectivement, quand vous êtes en société, vous n’êtes plus freelance. Mais en fait, ça n’a absolument rien à voir !
J’imagine que, quand vous avez voulu créer votre entreprise, tout le monde vous a parlé de la micro-entreprise. Vous avez vu des articles sur Internet, vos proches vous ont dit : il faut devenir auto-entrepreneur.
Résultat : il y a beaucoup de personnes qui se lancent et qui ne savent pas pourquoi ils choisissent la micro-entreprise.
La micro-entreprise comporte plusieurs avantages. En fait, il y en a beaucoup. J’en ai listé 8, mais il y en a d’autres. Ces 8 avantages ne sont pas forcément classés par ordre d’importance.
Je rajouterai aussi qu’elle est gratuite.
Attention aux sites qui vous demandent de payer pour vous déclarer en tant qu’auto-entrepreneur. Ce n’est pas normal. C’est assez difficile de trouver le bon site pour se déclarer, et certains sites jouent alors sur cette confusion. Cliquez ici pour vous rendre le site officiel pour déclarer votre micro-entreprise.
Certains sites essayent jouer sur cette confusion pour faire croire que vous êtes sur le bon site.
Non, vous n’avez pas à payer pour vous déclarer auto-entrepreneur.
En clair, on ne va pas vous demander de payer beaucoup de charges et d’impôts. Les charges sociales sont peu élevées, et vous pouvez bénéficier du versement libératoire d’impôt sur le revenu dont le taux varie entre 1% et 2,2, ce qui est rien du tout.
Vous le savez sans doute, mais quand vous avez une société, il faut que vous établissiez des documents comptables tous les ans, dont le bilan comptable, le compte de résultat, les annexes, etc.
C’est assez compliqué. Vous avez besoin d’un expert comptable quand vous avez une société ou une entreprise individuelle classique.
Ici, que nenni : vous n’avez quasiment pas d’obligations comptables en micro-entreprise.
Elles sont très, très, très résiduelles. J’en viens d’ailleurs à mon quatrième point 4.
Cela vous fait économiser pas mal d’argent. Bien sûr, vous pouvez tout à fait choisir de vous faire accompagner par un expert-comptable. L’un n’empêche pas l’autre.
… obtenu de votre précédente activité salariée, ainsi qu’avec d’autres aides sociales. Ce n’est pas forcément un avantage propre à la micro-entreprise, mais c’est important de le rappeler.
Il faut simplement déclarer vos revenus à l’Urssaf tous les mois ou tous les trimestres pour payer vos cotisations sociales.
Chaque année, vous devez ensuite déclarer vos revenus à l’État dans le cadre de l’impôt sur le revenu, même s’il y a prélèvement à la source.
Au final, ça reste quand même très, très peu de formalités déclaratives. Bien sûr, il y en aura davantage quand vous serez assujettie à la TVA.
… parce que l’imposition se fait de manière forfaitaire, c’est à dire qu’on va appliquer un pourcentage fixe à votre chiffre d’affaires.
Ça peut également être le cas pour l’impôt sur le revenu quand vous optez pour le versement libératoire.
Pourquoi c’est bien ? Parce que ça permet tout simplement d’anticiper les charges que vous allez payer. Cela permet donc d’établir des tarifs cohérents en fonction de vous, ce que vous allez devoir donner à la fin du mois, etc. Vous pourrez suivre plus facilement votre rentabilité.
Il y a des formes juridiques qui vous obligent à payer des cotisations importantes tous les mois, même si vous ne réalisez pas de chiffre d’affaires. Ce n’est pas le cas en micro-entreprise.
Si vous voulez en savoir plus sur les avantages de la micro-entreprise, parce que ça mérite vraiment des développements supplémentaires pour expliquer chaque point, je vous renvoie à l’article : “7 bonnes raisons de choisir la micro-entreprise”.
J’avais vraiment envie d’insister sur ce point là, puisque c’est vraiment la mode de la micro-entreprise en ce moment.
Vous avez dû le voir dans les actualités, il y a de nombreux abus en plus, avec des entreprises qui emploient des indépendants qui ne sont pas du tout indépendants. Cela s’explique par le fait que c’est un régime hyper favorable. C’est facile de déclarer son activité, il y a peu de charges, mais au final, il y a quand même pas mal d’inconvénients et c’est pour ça que ce n’est pas adapté à tous les projets. J’insiste bien là dessus.
Il faut vraiment vérifier que la micro-entreprise est adaptée à votre projet avant de lancer. Ensuite, ce sera trop tard.
Voici 7 inconvénients de la micro-entreprise. Cette liste n’est pas exhaustive.
C’est le cas de certaines professions réglementées, par exemple.
Ils sont de 170 000 euros pour les activités de vente et de 70 000 euros pour les activités de services. La loi de finances pour cette année a quelque peu levé ces plafonds là. On passe à 72 500 pour les activités de services notamment. Globalement, ça ne change pas grand chose.
Je dis que les plafonds de CA sont “assez bas” puisqu’en 2018, ils ont doublé. Cela permet de garder la micro-entreprise beaucoup plus longtemps.
Vous ne pouvez pas faire d’optimisation fiscale. C’est surtout un point pour les entrepreneurs confirmés.
Mais effectivement, quand vous choisissez une société, vous avez toute une batterie d’options que vous pouvez choisir pour optimiser la fiscalité applicable à votre activité, en fonction de vous et des caractéristiques de votre foyer fiscal. Je ne vais pas rentrer dans les détails.
On ne peut exercer que tout seul. J’insiste bien là dessus parce que tous les ans, les impôts et l’Urssaf font des requalifications, c’est à dire qu’ils considèrent que l’activité était exercée depuis le début en société.
Il faut donc payer l’impôt et les cotisations sociales depuis le début, et l’addition est vraiment très salée. Les organismes ne rigolent pas du tout avec cette question là.
Attention donc, si vous exercez votre activité avec plusieurs personnes, que vous avez les mêmes clients, que vous avez le même développement, commercial, etc. Vraiment, ne devenez pas micro-entrepreneurs.
Cinquième inconvénient : jusqu’à la moitié des seuils plafonds de la micro-entreprise, c’est à dire 35 000 euros pour les activités de services, vous ne facturez pas la TVA.
D’un côté, c’est bien parce que ça enlève des obligations déclaratives, etc.
Mais en contrepartie, vous ne pouvez pas déduire la TVA sur vos achats. Si vous achetez beaucoup de stock, si vous achetez du matériel onéreux, ça peut rapidement être défavorable. Vous allez payer beaucoup de TVA, mais vous ne pourrez pas la déduire.
Il est cependant possible de se soumettre volontairement à la TVA. Ça peut être hyper intéressant. Il faut vraiment que vous fassiez le calcul. Vous pouvez prendre un rendez vous avec un expert comptable pour régler cette question là.
Ça signifie dire que vous ne pouvez pas prendre votre chiffre d’affaires à la fin de chaque mois ou trimestre et déduire des charges pour leur montant réel.
Vous ne pouvez pas dire : j’ai encaissé 5000 de chiffre d’affaires, mais j’enlève 2 000 euros de iMac. Ça, ce n’est pas possible.
Vous payez vos charges sociales sur votre chiffre d’affaires brut, donc sans déduction.
Effectivement, les micro-entrepreneurs qui sont au barème de l’impôt sur le revenu profitent d’un abattement sur leur chiffre d’affaires. Il est censé prendre en compte de manière forfaitaire, un peu de manière arbitraire, vos charges. Cet abattement est de 34% à 71% selon la nature de votre activité.
C’est un inconvénient si vous voulez obtenir un financement, que ce soit un financement personnel – je pense à l’emprunt immobilier – ou un financement professionnel.
Le banquier ne pourra pas calculer votre rentabilité sur les trois dernières années, il ne pourra pas étudier tous les indicateurs financiers importants pour voir si une entreprise est solvable. Quelles sont les perspectives de développement ? Quelle est sa marge ? Etc. Vous ne pouvez pas répondre à ces questions là en regardant simplement les attestations de chiffre d’affaires fournies par l’Urssaf.
Les inconvénients de la micro-entreprise sont également un vaste sujet. Pour en savoir plus, je vous renvoie à un article du blog : “Les inconvénients de la micro-entreprise : ils existent“.
En résumé, vous devez vous souvenir que la micro-entreprise, c’est une déclinaison de entreprise individuelle. Juridiquement, vous êtes dans une entreprise individuelle et ça a les conséquences que ça a : votre entreprise individuelle, ce n’est pas une personne à part entière.
Il faut également que vous reteniez que la micro-entreprise est un régime fiscal et social simplifié, appliqué à une entreprise individuelle. Tout est fait pour vous faciliter la tâche au niveau administratif et aussi réduire les charges. Enfin, c’est un régime idéal pour débuter une activité indépendante, pour toutes les raisons que j’étais énoncées.
Mais attention aux inconvénients. La micro-entreprise, je dis et je le répète, n’est pas faite pour tout le monde. Il faut vraiment prendre le temps de bien choisir son statut juridique, malgré l’effet de mode qui concerne la micro-entreprise.
C’est vraiment important de choisir un statut juridique qui va être vraiment adapté à l’activité envisagée et qui ne va pas vous pénaliser.
Laissez un commentaire
Vos petits mots